Si certains pensent que le film de genre français est en perdition, c'est qu'il ne sait pas où regarder. Il est vrai que peu de grosses productions voient le jour dans nos salles obscrures, cependant, si l'on fouille un petit peu, on peut trouver des merveilles.

 

La réputation de Julien Maury et Alexandre Bustillo n'est plus à faire. Pères d' A l'intérieur et Livide c'est avec une impatience folle que nous attendions Aux yeux des vivants. Revandicateurs du Final Cut, ces deux réals de choc sont les derniers de leur espèce dans un hexagone qui voit partir ses meilleurs éléments au profit de budgets américains colossaux. Alors oui, en tant que militants convaincus, nous attendions avec impatience ce film qui a vu le jour grâce à vous, et le mode de financement participatif.

 

A première vu, le duo change de registre. Avec une scène d'introduction d'une violence surprenante, le ton change tandis que l'histoire se dévellope. Sur un fond des Goonies on suit trois adolescents au travers de leur virée buissonière. Plongé dans un slasher à l'américaine, on retrouve en vrac un nombre inconsidérable de clin d'oeil (Massacre à la tronçonneuse, Halloween...) et tout semble nous rappeller l'éternel film pour ado des années 80'. La légende urbaine de la nounou, le personnage principal lisant des comics, le village désert du far west, des flics toujours aussi innutiles, et bien sur le Boogeyman!

 

Entre Slasher et Croquemitaine moderne, Aux yeux des vivants est à lui seul la preuve que le cinéma de genre puise ses sources dans nos lointaines légendes. Ne vous éloignez pas de chez vous où le croquemitaine vous trouvera. Interpretant ces frayeurs infantiles (le monstre sous le lit) pour dénoncer (la maltraintance des enfants), pour avertir (mieux vallait ne pas sécher les cours!), le duo fait de ce film une légende urbaine que nous pourrions nous raconter au coin du feu.

 

Si certaines difficultés scénaristiques persistent, le jeux des acteurs vient sublimer une image très travaillée qui malgré nous, nous plonge dans un pays imaginaire. Aux yeux des vivants ne croule pas sous les longueurs, ou les dialogues alambiqués, c'est un film éfficace, qui se déroule telle une anecdote horrifique que l'on se raconte en colo. Jouant avec le déjà-vu, sans jamais tomber dans le cliché, c'est un tour de force que nous propose une nouvelle fois Maury & Bustillo.

 

Tour de force car aborder un film traitant d'adolescent ce n'est jamais facile. Si Scream et autre titres du genre motnraient des adolescents (ayant pour la plupart plus de 25 ans), Maury & Bustillo font le choix de prendre de jeunes acteurs. Difficile donc de les massacrer à tour de bras sans choquer. C'est sans doute pourquoi on voit apparaître une nouvelle pudeur dans leur métrage. On ne verra que peu de meutre à proprement parler. Contrairement à la violence de A l'intérieur, Aux yeux des vivants mise sur une ambiance, non sur de l'hémoglobine. Nous ne savons jamais qui est vraiment le croquemitaine, ni comment il tue, car il est bien plus effrayant de le deviner.