Le court-métrage de Yann Danh est un film de crise. Un film qui parle du dernier rempart face au chômage et à la délocalisation : séquestrer le patron (bossnapping). La mention « inspirée de fait réels » aurait pu apparaître au début du métrage tant les liens avec une activité sociale récente son ténus. On pensera aux séquestrations des patrons de Goodyear (2014) ou encore de Molex (2009) par leurs employés. Cette dernière entreprise a d’ailleurs sans doute inspirée le jeune réalisateur pour le nom de son entreprise fictive : Morilex.

C’est donc ancré dans un sous-texte politique et social que ce film met en place un dispositif dynamique de narration. La mise en scène reposant sur l’utilisation d’un montage alterné survitaminé, (nuisant cependant parfois à la lisibilité de l’ensemble), permet d’embarquer le spectateur dans une course au suspense lorgnant du côté du néo-noir et du film d’espionnage. Notons que certains pourraient néanmoins être rebutés par l’aspect clipé de certains pans de montage (Yann Danh étant également réalisateur de clips), regorgeant de jump-cut incisifs. L’image est soignée grâce à une direction photo de qualité, et les quelques effets gore qui parsèment la bobine sont dosés avec justesse.