
Calvaire
Date de sortie : 16 mars 2005 (1h30min)
Réalisé par : Fabrice Du Welz
Directeur Photo : Benoit Debie
Avec : Laurent Lucas, Jackie Berroyer, Philippe Nahon.
Note: 5/5
Marc Stevens, un chanteur itinérant, reprend la route après l’un de ses concerts. Dans la nuit noire des Fagnes, sa camionnette tombe en panne. Monsieur Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que sa femme Gloria l'a quitté, le recueille dans son établissement isolé et désert.
C'est alors que commence le calvaire de Marc…
Après un passage par le court-métrage, le belge Fabrice du Weltz livre avec Calvaire un premier long-métrage singulier, bien qu’empli de références chères au jeune réalisateur. A travers cette histoire de chanteur itinérant (Laurent Lucas) un poil ringard, coincé dans un village de dangereux ruraux ardennais, Fabrice du Welz revisite des classiques comme Massacre à la Tronçonneuse (T. Hooper, 1974) ou Délivrance (J. Boorman, 1976). Mais par delà les influences américaines, le réalisateur belge revendique également une filiation avec le cinéma français de Serge Leroy (La Traque, 1976) ou de Claude Chabrol (Le Boucher, 1970).
Mais par delà ses influences il parvient, grâce notamment à une photo magnifique, à rendre compte d’une ambiance à la fois naturaliste et dans le même temps fantasmagorique. C’est un film tout en humidité et en froideur, l’eau semble vous coller à la peau, depuis ces brouillards matinaux jusqu’à cette neige collante qui finit par devenir boueuse. C’est ce qui fait la force de Calvaire : une ambiance forte plutôt qu’une violence graphiquement gore. La photographie de Benoit Debie sert donc parfaitement bien le film qui se veut comme une sorte de cauchemar éveillé vécu en pleine folie.
L’idée de la folie et de l’enfermement déjà bien présente dans son premier film, (le court-métrage Quand on est amoureux c’est merveilleux (1999)), préfigure, à travers le personnage de Lara (Edith le Merdy), le futur aubergiste de Calvaire. Interprété par un Jacky Berroyer inquiétant à souhait, dont le jeu tout en retenue donne une profondeur inédite au personnage de psychopathe, M. Bartel laisse planer au dessus de lui un malaise. C’est un personnage insaisissable et changeant, qui fera également perdre pied au spectateur.
Ce Bartel voit en Marc Stevens (Laurent Lucas) l’incarnation de son ex-femme, et c’est dans un environnement de folie ordinaire que le chanteur itinérant va peu à peu se retrouver englué. Le piège se referme sur lui et le film adopte un ton beaucoup plus noir dans sa seconde partie. L’horreur surgit du malaise que procure la perte de repères du héros.
Des partis-pris de mise-en-scène radicaux marqueront les esprits, faisant de Fabrice du Welz un expérimentateur dans le champ de l’horreur. A l’instar de cette scène particulièrement violente entre les villageois et Marc Stevens que le réalisateur choisit de montrer en plongée et à une certaine distance, afin que le spectateur occupe une place omnisciente quant à l’observation de l’espèce humaine (et tout cela 5 ans avant Enter the Void !). Ce procédé présente également l’avantage de donner une force considérable à la scène sans céder à la complaisance du gros plan ou de la frontalité. C’est sur ce registre de l’économie que d’autres actes ignobles seront souvent montrés à distance. Mais le burlesque, l’absurde et l’inattendu trouveront également leur place lors d’une mémorable scène de danse, l’un des rares moments faisant appel à la musique dans ce film.
Enfin la beauté des paysages, et notamment toute la séquence dans les sous-bois lors de « la partie de chasse », s’impose comme une figure de contraste évidente face à la barbarie des actes humains décrits tout au long du film. Et si la fin du film évoque clairement La Traque de Serge Leroy, ce n’est que pour mieux s’en émanciper. Cette place prépondérante de la nature se retrouvera d’ailleurs dans Vinyan le second film du réalisateur belge.
Nawaak Yoon



Juli : 4/5
Un conte noir, glauque et dérangeant, magnifié par une interpretation sans faille de Jackie Berroyer.
Critique Equipe
Marc Stevens, un chanteur itinérant, reprend la route après l’un de ses concerts. Dans la nuit noire des Fagnes, sa camionnette tombe en panne. Monsieur Bartel, un aubergiste psychologiquement fragile depuis que sa femme Gloria l'a quitté, le recueille dans son établissement isolé et désert.
C'est alors que commence le calvaire de Marc…
Mad Movie : 5/5
aura que dégage un film aux multiples visages. Magnifié par la lumière diaphane de Benoît Debie. [...] Calvaire se mue progressivement en une sorte de conte dégénéré. Fabrice du Welz, premier film, premier chef-d'oeuvre. Difficile de faire plus belle entrée.
Première : 4/5
Calvaire n'est pas une copie ou un excercice de style. Il innove et surprend par ses décalages répétés. [...] Jackie Berroyer, dans ce qui est certainement son meilleur rôle au cinéma, joue ce tortionnaire avec une jubilation féroce.
Critique Presse