
Dans ma peau
Date de sortie 4 décembre 2002 (1h33min)
Réalisé par Marina De Van
Avec Marina De Van, Laurent Lucas, Léa Drucker plus
Genre Drame
Nationalité Français
Note:
Esther, une trentenaire gaie et ambitieuse, effectue une mission dans un institut de sondage où elle espère bientôt être embauchée. Mais une blessure à la jambe la stoppe dans son élan professionnel et sentimental. Bientôt happée par une pulsion autodestructrice, Esther va lutter pour sauver sa carrière et surtout sa relation amoureuse avec Vincent.
Nul doute que Marina de Van, désireuse au début de sa carrière d’intégrer les Beaux-Arts, soit sensible aux artistes du Body Art. Le spectre de l’œuvre de Gina Pane ou de Marina Abramovich plane sur ce film. La peau et le corps sont au centre du propos de la jeune réalisatrice, qui se met en scène sans la moindre complaisance.
Le quotidien d’Esther, jeune cadre dans la finance, bascule le jour où elle a un accident. Elle se blesse à la jambe au cours d’une fête, et à partir de là sa cicatrice exercera sur elle une fascination irrépressible. La jeune femme va alors sombrer peu à peu dans l’automutilation, voire bien davantage.
A première vue le film n’a rien du film de genre classique. En effet, la tonalité et la mise-en-scène relèvent davantage du cinéma d’auteur. Le passage de Marina de Van par le cinéma de François Ozon aura sans doute impacté son propre cinéma.
Esthétiquement le film est soigné, la photo très naturelle nous renvoyant à une forme de banalité vériste. De ce quotidien, parfois ennuyeux, surgissent des saillies horrifiques qui font basculer le récit dans la folie gagnant insidieusement Esther. Le spectateur s’identifiant tantôt à l’entourage incrédule de la jeune femme, tantôt à celle qui redécouvre son corps.

La véritable force de Dans ma Peau réside dans le rapport que le film entretient à l’horreur : c’est l’organique qui prime. Mais, à la différence du cinéma de David Cronenberg, dont la cinéaste reconnaît la filiation et l’influence, le corps n’est pas esthétisé de façon ostentatoire. Le corps sec et musculeux de la réalisatrice/ actrice se contorsionne sans cesse, révélant une animalité insoupçonnée et l’appétit grandissant que la jeune femme nourri à l’égard de son propre corps, dans son intimité. Car c’est bel et bien à l’abris des regards et dans un repli sur soit total qui s’engage Esther.
Ce n’est pas un film qui fait peur, ce n’est pas un film d’exploitation sur les cannibales, ce n’est pas un film de vampire et peut-on réellement parler de monstruosité ? Mais c’est un film qui questionne le spectateur en s’emparant de certains codes du film d’horreur pour les intégrer à la quotidienneté. Ou est-ce plutôt du quotidien que surgissent des horreurs intimistes ? Dans ce film, se mêlent à la fois le refus du spectaculaire et le sublime (horrifiant) spéculaire.
Marina de Van est donc une cinéaste à l’univers personnel riche, nourri d’expérimentations formelles et de parti pris de mise-en-scène surprenants. C’est assurément une réalisatrice à suivre, d’autant qu’elle a livré avec son second long-métrage Ne te retourne pas, une réflexion différente, mais tout aussi pertinente sur la femme et le rapport à son corps.
Nawaak Yoon


Les Inrock: 5/5
Marina De Van (se) fait très mal avec un premier long métrage fascinant/répulsif, traité d'autocharcutage.
Positif : 5/5
Nous attendions avec impatience le premier long métrage de Marina de Van, remarquée pour ses courts métrages et pour ses collaborations avec François Ozon. Mais nous n'imaginions pas un tel choc.
Première: 4/5
Le rapport d'Esther à son propre corps est d'autant plus viscéralement fascinant que ne rentrent en compte ni la notion de dégoût (...) ni de masochisme primaire.
Critique Presse